Quand Bordeaux se transforme en plateau de cinéma
Imaginez Bordeaux, non pas seulement comme cette ville élégante parsemée de vignobles et saturée de touristes, mais comme le décor vivant du premier long métrage d’Alice Douard, « Des preuves d’amour ». Oui, Alice a ramené sa caméra dans sa ville natale, et pas juste pour filmer quelques plans de la Garonne au coucher du soleil ou des ruelles pavées qui sentent bon le canelé un peu brûlé. Non, elle est venue pour capturer une histoire profondément personnelle, celle de Céline et Nadia, en attendant l’arrivée de leur enfant.
Un casting qui sent bon le talent
Alice Douard ne lésine pas sur les moyens pour son baptême de feu dans le long-métrage. Ella Rumpf, Monia Chokri, Noémie Lvovsky — trois noms qui ne vous disent peut-être rien si vous passez vos soirées à refaire le monde au lieu de fréquenter les salles obscures, mais qui résonnent dans les couloirs de Cannes comme des promesses de performances époustouflantes. Ces actrices ne jouent pas : elles incarnent, elles vivent leurs rôles, et elles vont donner vie à Bordeaux d’une manière que même les guides touristiques les plus poétiques ne peuvent saisir.
Un tournage, miroir d’une réalité sociale
Mais « Des preuves d’amour » n’est pas seulement un film, c’est un miroir tendu à notre société. En choisissant de raconter l’histoire de deux femmes, Alice aborde frontalement les thèmes de la maternité partagée dans un couple lesbien, un sujet encore trop souvent relégué aux marges du cinéma mainstream. Inspiré de sa propre vie, le film étire les frontières entre le personnel et le politique, entre l’art et le témoignage.
Bordeaux, plus qu’un décor, un personnage
Dans les rues de Bordeaux, où chaque pierre semble imprégnée d’histoire, le tournage prend une dimension presque mythologique. La ville n’est pas juste un fond, mais un personnage à part entière. Ses façades majestueuses et ses petits cafés cachés deviennent le terrain de jeu d’Alice, qui, caméra à l’épaule, cherche à capturer l’essence même de l’amour et de la lutte, de la joie et des défis.
Une fenêtre sur l’art de raconter des histoires vraies
En regardant Alice travailler, on ne peut s’empêcher de penser que raconter des histoires, c’est aussi révéler des vérités. Avec « Des preuves d’amour », elle ne se contente pas de poser sa caméra et de diriger ses acteurs. Elle ouvre une fenêtre sur ce que signifie aimer, lutter et finalement, exister dans le monde d’aujourd’hui.
Chaque scène tournée dans cette ville illustre une promesse — celle de l’authenticité, du courage créatif et, espérons-le, d’un renouveau dans le cinéma français où les histoires comme celle de Céline et Nadia ne seront plus des exceptions, mais des évidences.
Alors que les lumières du plateau s’éteignent et que les rues de Bordeaux reprennent leur routine, une chose est certaine : ce film est plus qu’une suite de scènes bien ficelées. C’est un cri, un murmure, un rire partagé avec la ville elle-même, et avec chacun d’entre nous. Restez à l’écoute, car lorsque « Des preuves d’amour » sortira en salle, ce ne sera pas seulement une projection, ce sera une révélation.