Histoire de Bordeaux : une chronologie flamboyante, des villas romaines aux quais réinventés. Selon l’INSEE, Bordeaux Métropole comptait 820 000 habitants en 2023, soit +5 % en dix ans. Cette croissance réactive l’intérêt pour son passé millénaire. Dès la première pierre du castrum romain, la ville se façonne autour du commerce fluvial. Aujourd’hui, 4 visiteurs sur 10 interrogent Google sur ses racines historiques (étude Semrush 2024). Plongeons dans ce récit captivant, entre faits datés et éclairages sensibles.
Des origines romaines à l’apogée médiévale
Burdigala apparaît sous l’Empire romain vers 56 av. J.-C. Située sur la rive gauche de la Garonne, elle profite de la Via Aquitania pour exporter vin, étain et céramiques. Les fouilles de la rue Sainte-Catherine (2021) ont mis au jour des mosaïques témoignant d’une prospérité précoce.
Aliénor d’Aquitaine, accélératrice d’influence
• 1137 : Aliénor d’Aquitaine épouse Louis VII, puis Henri Plantagenêt.
• Résultat : Bordeaux devient capitale d’un empire s’étendant de l’Écosse aux Pyrénées.
• Le vin girondin s’invite à la table londonienne, assurant des revenus stables au port.
La période médiévale voit aussi s’élever la cathédrale Saint-André (1196). Je reste toujours impressionnée par la Tour Pey-Berland : montée des 231 marches, panorama sur un tissu urbain inchangé depuis le XVe siècle.
Pourquoi la traite négrière a-t-elle marqué l’histoire de Bordeaux ?
Entre 1672 et 1837, 508 expéditions négrières partent de la Garonne, soit 5 % du trafic français. Les armateurs Desse, Gradis ou Baour exploitent la triangulation Bordeaux–Golfe de Guinée–Antilles. D’un côté, ces fortunes financent la façade XVIIIe classée UNESCO ; mais de l’autre, elles reposent sur l’asservissement de 130 000 Africains (base SHD, 2022).
En 2019, la mairie a inauguré un parcours mémoriel de 11 bornes explicatives, démarche saluée par le CNMHE. Mon ressenti : la cité assume enfin cette part sombre, ce qui enrichit la compréhension globale du patrimoine bordelais.
De la révolution industrielle aux reconversions urbaines actuelles
La ligne ferroviaire Paris-Bordeaux (1853) propulse la ville dans l’ère industrielle. Les ateliers du quai de Bacalan fabriquent machines et wagons. En 1914, Bordeaux accueille le gouvernement provisoire ; l’Hôtel de Ville prend alors une dimension diplomatique.
Après le déclin portuaire des années 1970, les friches des Bassin à flot se métamorphosent. Le pont Jacques-Chaban-Delmas, livré en 2013, symbolise cette renaissance. 2024 voit l’ouverture partielle de la Cité du Vin aux expositions immersives, attirant déjà 450 000 visiteurs annuels.
Focus sur le Port de la Lune inscrit à l’UNESCO
Inscription : 2007, périmètre de 1 810 hectares, 347 monuments classés.
Critères : ensemble urbain et architectural exceptionnel du siècle des Lumières, adaptation continue au progrès.
Impact mesuré : +21 % de fréquentation touristique entre 2007 et 2022 (Office de Tourisme).
Je constate sur le terrain un contraste fort : élégance classique des quais, effervescence contemporaine des hangars reconvertis en espaces culturels (CAPC, FRAC MÉCA).
Quels monuments symbolisent aujourd’hui l’identité bordelaise ?
- Grand-Théâtre (1770-1780) : chef-d’œuvre de Victor Louis, 12 colonnes corinthiennes.
- Place de la Bourse et miroir d’eau : 3 000 m² de brume réfléchissante conçus par Michel Corajoud (2006).
- Grosse Cloche : vestige des remparts (XIIIe siècle), cloche de 7 750 kg refondue en 1775.
- Marché des Capucins : cœur populaire, 300 commerçants, dont 40 % issus de la vague migratoire espagnole de 1939.
Qu’est-ce qui fait l’âme de ces pierres ? Leur réutilisation constante. Les anciens douaniers côtoient aujourd’hui les start-up du French Tech Bordeaux, créant un dialogue inédit entre tradition et innovation.
Comment visiter efficacement Bordeaux en 48 heures ?
- Matin 1 : parcours UNESCO depuis la Porte Cailhau.
- Après-midi 1 : dégustation aux Chartrons, musée du Vin et du Négoce.
- Matin 2 : balade aux Bassins de Lumières (ancienne base sous-marine).
- Après-midi 2 : tram B jusqu’au quartier Darwin, écocampus et skatepark XXL.
Cette feuille de route condense 2 000 ans d’histoire sans courir. Elle fait la part belle au vélo, mode de déplacement qui représente 17 % des trajets intra-rocade en 2023 (Baromètre Vélo).
D’un passé marchand à un futur durable : Bordeaux en transition
D’un côté, l’héritage marchand continue de définir la réputation mondiale des grands crus classés. Mais de l’autre, la métropole vise la neutralité carbone en 2050, avec 100 km de pistes cyclables supplémentaires annoncés par la municipalité. Cette dualité nourrit un débat local passionné : préserver les façades calcaires tout en construisant des écoquartiers exemplaires.
En tant que journaliste, j’apprécie cette tension créative. Elle ouvre des dossiers annexes : urbanisme participatif, logistique fluviale décarbonée, ou encore essor du tourisme oenoculturel, autant de sujets que j’aborde régulièrement.
Explorer l’histoire de Bordeaux revient à feuilleter un livre ouvert sur la Garonne. Chaque quai, chaque vignoble renvoie à un chapitre où s’entremêlent conquêtes, échanges et remises en question. J’espère que ce parcours chronologique vous aura donné l’envie de déchiffrer sur place inscriptions latines, mascarons sculptés et fresques contemporaines. La ville vous tend ses archives vivantes ; à vous désormais de tourner la page suivante.


