Quartiers de Bordeaux : en 2024, 60 % des nouveaux arrivants s’installent rive droite, contre 42 % cinq ans plus tôt. C’est le basculement démographique le plus rapide observé par l’Insee dans une grande métropole française depuis 2020. Derrière ces chiffres se cache une mosaïque urbaine où cohabitent échoppes du XIXᵉ siècle, friches militaires reconverties et tours de logements bas carbone. Plongée factuelle et analytique au cœur d’une ville qui change à grande vitesse.
Carte d’identité des principaux quartiers
Au dernier découpage municipal (2021), Bordeaux se divise en huit quartiers administratifs. Chacun affiche une identité forte et des trajectoires contrastées.
- Bordeaux Maritime : 27 000 habitants, 45 % de logements construits après 2010 (éco-quartier Ginko, pont Chaban-Delmas).
- Chartrons – Grand Parc – Jardin Public : berceau historique du négoce, 12 % de vacance commerciale en 2023, soit la moitié de la moyenne nationale.
- Centre-Ville : 1 690 habitants au km², densité record hors Paris intra-muros.
- Nansouty – Saint-Genès : 38 % d’étudiants, grâce au campus de la Victoire et aux facultés de médecine.
- Saint-Augustin – Tauzin – Alphonse-Dupeux : pôle santé avec le CHU, 14 000 emplois hospitaliers.
- La Bastide : +18 % de population entre 2015 et 2023 (source : Mairie de Bordeaux).
- Caudéran : “Neuilly bordelais”, prix moyen 6 100 €/m² en 2024, +7 % sur un an (Notaires de France).
- Bordeaux Sud : zone de mutation, 800 logements livrés dans l’opération Saint-Jean Belcier l’an dernier.
D’un côté, la façade atlantique apporte son vent d’ouest et ses hangars portuaires réhabilités ; de l’autre, l’avenue Thiers, ex-N89, marque encore la séparation géographique entre deux rives aux histoires parallèles.
Pourquoi La Bastide attire-t-elle autant les jeunes familles ?
Des prix et des mètres carrés
En 2024, le mètre carré y reste 22 % moins cher que dans le Centre-Ville, tout en offrant 15 % de surface habitable supplémentaire en moyenne. Cet écart alimente un flux constant de primo-accédants originaires de Nouvelle-Aquitaine et d’Île-de-France.
Mobilité renforcée
- Deux lignes de tramway (A et B) relient la place Stalingrad à la gare Saint-Jean en 12 minutes.
- La passerelle Simone-Veil, ouverte en mars 2024, double la capacité cyclable quotidienne (10 000 passages/jour).
Offre scolaire sous tension
La Bastide a accueilli deux groupes scolaires neufs en trois rentrées, mais les prévisions municipales annoncent un besoin de 450 places supplémentaires d’ici 2026. Afin de maintenir l’équilibre, un collège provisoire modulaire a ouvert sur la zone Deschamps.
Mon observation de terrain confirme cet engouement : chaque mardi, le marché bio du cours Edouard-Vaillant voit ses stands doublés, signe tangible d’un pouvoir d’achat familial en hausse et d’une demande accrue en circuits courts (agriculture urbaine, AMAP).
Entre histoire et modernité : Saint-Michel et Bordeaux Sud
Qu’est-ce que le « cœur populaire » de Bordeaux ?
Saint-Michel, dominé par sa flèche gothique culminant à 114 m, reste le quartier le plus cosmopolite de la ville. Près de 40 nationalités y cohabitent, et 32 % des commerces appartiennent à des entrepreneurs issus de l’immigration, selon la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) en 2023.
Bordeaux Sud, voisin direct, s’est longtemps cherché une identité. L’arrivée du MECA (Maison de l’Économie Créative et de la Culture en Aquitaine) en 2019 et la récente réhabilitation des friches ferroviaires ont déclenché une dynamique nouvelle.
Les forces
- Patrimoine bâti inscrit : 71 immeubles du XVIIIᵉ siècle protégés.
- Accessibilité piétonne : 92 % des rues en zone 30.
- Mixité fonctionnelle : halles gastronomiques, bureaux, logements étudiants.
Les fragilités
- Tension sociale : taux de pauvreté à 28 % (contre 18 % pour Bordeaux).
- Logements vacants : 9 % en 2022, essentiellement des immeubles anciens en attente de réhabilitation.
D’un côté, la réhabilitation offre un nouveau souffle patrimonial, mais de l’autre, la gentrification progressive pose la question de l’accès au logement pour les ménages modestes.
Quelles tendances urbanistiques en 2024 ?
Sobriété énergétique et végétalisation
Le « Plan Canopée 2050 » vise 20 000 nouveaux arbres plantés, dont 3 500 en 2024. L’objectif : baisser la température moyenne estivale de 1,5 °C. Le quartier pilote ? Bordeaux Maritime, où la Promenade des Bassins a déjà réduit de 25 % les îlots de chaleur recensés par Météo-France.
Verticalité maîtrisée
Alors que les tours de plus de 50 m restent rares, le permis de construire de « l’Archipel » (Bordeaux Sud) marque un tournant. Haut de 57 m, ce programme mixte BBC (Bâtiment Basse Consommation) promet 30 % de logements sociaux, illustrant la stratégie municipale : densifier sans exclure.
Mobilité douce (tram, vélo, piéton)
- Réseau vélo : 315 km de pistes, +12 % par rapport à 2022.
- « Voie vertueuse » Caudéran–Saint-Augustin : première artère apaisée avec revêtement à base de coquilles d’huîtres recyclées.
- TAM (Transport Autonome Métropolitain) en expérimentation sur 3 km à Bordeaux Lac.
Le quartier idéal existe-t-il ?
Le choix dépendra de vos priorités :
| Critère | Quartier le plus adapté | Particularité |
|---|---|---|
| Vie culturelle | Chartrons | 18 galeries d’art, Capc Musée d’Art Contemporain |
| Prix accessibles | La Bastide | m² autour de 4 200 € |
| Espaces verts | Caudéran | Parc Bordelais, 28 ha |
| Emploi santé | Saint-Augustin | CHU, Dassault Aviation |
Regard personnel et pistes d’exploration
J’arpente les rues bordelaises depuis 15 ans, carnet à la main. La métamorphose est saisissante : du Darwin Écosystème, temple de l’économie circulaire, aux échoppes rénovées des Chartrons, la ville joue une partition subtile entre tradition et innovation. Ceux qui souhaitent approfondir pourront explorer des sujets connexes comme la mobilité douce, l’essor du numérique girondin ou encore la place du vignoble dans l’économie locale. Poursuivez la découverte : Bordeaux n’a pas fini de livrer ses secrets.


