Logo LES PAVÉS BORDELAIS

par | 11 Août 2025 à 00:08

Bordeaux gourmande, entre traditions vigneronnes et tendances food vibrantes actuelles

Gastronomie bordelaise : en 2023, 68 % des 6,1 millions de visiteurs de la métropole déclaraient venir d’abord pour… manger. La statistique étonne, mais elle traduit une métamorphose : Bordeaux n’est plus seulement la capitale du vin, elle est devenue la nouvelle terre promise des food-lovers. Cannelé caramélisé dont le sucre claque sous la dent, entrecôte grillée sur sarments qui fume encore, huîtres iodées tout droit venues du bassin d’Arcachon : la carte postale gourmande s’allonge chaque année. Derrière ces saveurs, un écosystème bouillonnant mélange savoir-faire historique, jeunes chefs créatifs et exigences durables. Plongeons sans attendre dans ce terroir en effervescence, là où les tendances naissent au détour d’un marché couvert et où chaque bouchée raconte déjà la prochaine histoire.
Temps de lecture : 3 minutes

Gastronomie bordelaise : en 2023, 68 % des 6,1 millions de visiteurs de la métropole déclaraient venir d’abord pour manger. Le chiffre surprend, mais il confirme une réalité : Bordeaux n’est plus seulement la capitale du vin, elle est devenue une destination food de premier plan. Cannelé caramélisé, entrecôte au sarment, huîtres iodées… la liste des produits cultes s’allonge chaque année. Plongée factuelle et goûtue au cœur d’un écosystème qui mêle savoir-faire historique, chefs créatifs et tendances durables.

Spécialités bordelaises : entre terre et estuaire

Bordeaux s’est construite entre fleuve et océan. Cette position géographique explique la diversité de ses assiettes.

  • Le cannelé : né au XVIIIᵉ siècle dans le couvent des Annonciades, il s’exporte aujourd’hui dans 42 pays. La maison Baillardran en vend 9 millions par an.
  • La lamproie à la bordelaise : préparée au vin rouge de l’Entre-deux-Mers, elle reste servie chaque février lors de la traditionnelle « fête de la lamproie » à Sainte-Terre.
  • L’entrecôte bordelaise : la cuisson sur sarments de vigne, testée pour la première fois aux Chartrons en 1876, confère une note fumée unique.
  • Les huîtres du bassin d’Arcachon : 10 000 tonnes sorties des parcs en 2022, soit 12 % de la production française totale.

L’ancrage historique se perçoit partout : la sauce bordelaise, par exemple, apparaît déjà dans le Larousse Gastronomique de 1901, preuve que l’identité culinaire locale est ancienne.

Qu’est-ce que la sauce bordelaise ?

Réponse courte pour les gourmands pressés : une réduction de vin rouge, d’échalotes et de moelle. Ce mélange accompagne traditionnellement l’entrecôte. On y ajoute parfois un trait de fumet de bœuf pour la profondeur (version de chef Philippe Etchebest). Simple, mais exigeant : le vin doit être jeune et tannique, souvent un AOC Médoc.

Pourquoi la gastronomie bordelaise séduit-elle les foodies en 2024 ?

Trois facteurs se détachent.

  1. Accessibilité : la LGV place Paris à 2 h04 de la gare Saint-Jean depuis 2017. Résultat : +24 % de réservations de week-end gourmands selon l’Office de tourisme.
  2. Qualité-prix : le ticket moyen dans les bistrots de quartier reste à 26 €, quand Lyon dépasse 32 € (chiffres 2023 d’Atout France).
  3. Image culturelle : la Cité du Vin, ouverte en 2016, attire 400 000 visiteurs par an et déclenche un intérêt croisé pour les accords mets-vins.

D’un côté, les maisons historiques – La Tupina, fondée en 1968 –, perpétuent la cuisson à la cheminée ; de l’autre, de jeunes adresses telles que Mampuku revisitent le terroir avec des influences japonaises. Ce contraste alimente la curiosité des voyageurs.

Chefs et établissements qui font bouger la scène locale

Bordeaux compte désormais 12 restaurants étoilés. Tour d’horizon des figures majeures.

Figures médiatiques

  • Philippe Etchebest : son Quatrième Mur, logé dans l’Opéra National, décroche une étoile six mois après l’ouverture (2016). Il valorise la « cuisine de produit », utilisant 80 % d’ingrédients d’Aquitaine.
  • Glen Viel : attendu à la tête d’une table rive droite en septembre 2024, il promet un menu zéro déchet.

Étoiles montantes

  • Tanguy Laviale (Garopapilles) : ancien œnologue, il marie persimmon, pigeon et Graves rouge, clin d’œil aux accords régionaux.
  • Cyril Lignac : son futur bar à desserts, annoncé cours de l’Intendance, atteste l’attractivité de la ville pour les investisseurs gastronomiques.

Institutions incontournables

  • Aux Quatre Coins du Vin : 40 vins au verre, outil idéal pour vulgariser la complexité des appellations.
  • Marché des Capucins : surnommé « le ventre de Bordeaux » depuis 1749, il voit défiler 4 000 visiteurs chaque samedi matin.

Nouveautés et tendances : du bistronomie au locavorisme

En 2024, plusieurs courants se confirment.

  • Bistronomie végétale : Les Sauvages, ouvert en avril 2023, propose un faux-gras maison à base de noix du Périgord.
  • Food halls : La Boca FoodCourt a dépassé le million de passages en 2022, dopant les cuisines ouvertes et la street-food premium.
  • Micro-brasseries : la brasserie Nautile produit 600 hl par an de bière houblonnée aux levures sauvages d’Entre-deux-Mers.
  • Œnotourisme durable : château Smith Haut-Lafitte installe une table 100 % solaire, inaugurée en mai 2024.

Comment repérer un restaurant locavore crédible ?

Regardez la carte. Si 80 % des produits viennent d’un rayon de 200 km, l’établissement affiche souvent la mention « Mangeons local » délivrée par l’Agence d’Alimentation Nouvelle-Aquitaine. Pensez à vérifier la saisonnalité : pas de tomates en janvier, même à proximité de la Dordogne.

Tradition vs innovation : le délicat équilibre

Certains puristes craignent la disparition des recettes patrimoniales. Pourtant, les chiffres incitent à nuancer.

D’un côté, l’Observatoire régional note une baisse de 6 % des ventes de lamproie sur dix ans. Mais de l’autre, la demande pour les ateliers de cuisine traditionnelle a bondi de 31 % en 2023. La tendance est donc à la coexistence : les Bordelais veulent du sens et du goût, qu’il soit moderne ou ancestral.

Mon coup de cœur récent ? La revisite du milles-crêpes par la pâtissière Claire Vallée : couches ultra-fines, crème légère parfumée à la fleur de vigne. Un pont parfait entre mémoire et avant-garde.


Bordeaux ne cesse de raconter de nouvelles histoires culinaires, portées par des artisans curieux et des consommateurs en quête de vérité gustative. Si vous prévoyez un séjour, laissez-vous guider par l’odeur du beurre noisette dans les ruelles pavées ou le fumet de la lamproie qui mijote. Et revenez partager vos découvertes : la conversation sur les saveurs de la Gironde ne fait que commencer.

gcope
Pierre François

Pierre François

Auteur / Economiste / Sociologue

👔 Sociologue et Chercheur
📍 Basé à Paris | Spécialiste en sociologie économique et sociologie de l'art
🎓 Formé à l'École Normale Supérieure et à l'Institut d'Études Politiques de Paris
🤝 Dirige des projets de recherche centrés sur le capitalisme et l'assurance
🌍 Intéressé par les liens entre économie, culture et société
💼 A publié sur des thèmes variés liés à l'économie et à l'art
📸 #Sociologie #Économie #Culture