Gastronomie bordelaise : en 2023, 3,2 millions de visiteurs ont foulé les pavés de la capitale girondine, et 67 % déclaraient venir « aussi pour manger ». Le chiffre a bondi de 8 % par rapport à 2022, selon l’Office de Tourisme. Derrière le vin, la table est devenue un argument-clé. Mais quels plats, quels chefs et quelles tendances façonnent aujourd’hui cette scène culinaire ? Plongée factuelle et gustative dans l’écosystème gourmand de Bordeaux.
Panorama 2024 de la gastronomie bordelaise
Les chiffres sont sans appel. Bordeaux compte désormais 1 278 restaurants déclarés (CCI, janvier 2024), soit +5 % en un an. Le segment bistronomique a progressé de 12 %, stimulé par l’essor du télétravail et la recherche d’« expériences courtes à forte valeur ajoutée ».
Quelques repères contemporains :
- 9 chefs étoilés sont installés dans la métropole (Michelin 2024), contre 6 en 2019.
- Le ticket moyen d’un déjeuner « signature » se situe à 48 €, quand la moyenne nationale est de 42 € (Gira 2023).
- 42 % des établissements utilisent au moins 70 % de produits locaux (Enquête Agrilocal Gironde, sept. 2023).
La dynamique s’appuie sur trois piliers : la tradition régionale, l’œnotourisme et l’innovation durable. Un triptyque qui attire tant les foodies parisiens que les voyageurs nord-américains, séduits par la proximité de l’Atlantique et la réputation séculaire des terroirs viticoles.
Héritage historique
Dès le XVIIᵉ siècle, les négociants hollandais ramenaient des épices par le port de la Lune. Cette ouverture sur le monde a nourri des recettes métissées, à l’image de la lamproie à la bordelaise (poisson fluvial, sauce au vin rouge et poireaux). Victor Hugo évoquait déjà « le parfum de la sauce bordelaise » en 1843. Les fondations sont anciennes, mais l’édifice est en perpétuel mouvement.
Quels sont les plats iconiques de Bordeaux ?
La question revient chaque semaine dans les mails de lecteurs expatriés. Voici un rappel synthétique des spécialités culinaires de Bordeaux incontournables.
La trilogie salée
- Entrecôte à la bordelaise : grillée sur des sarments de vigne, nappée d’une sauce au vin rouge, échalotes et moelle.
- Cannelé salé revisité : nouveau venu, il emprunte la forme du dessert emblématique pour accueillir fromages de brebis et herbes fines.
- Grenier médocain : charcuterie à base d’estomac de porc, cuite longuement dans un bouillon épicé (production : 85 tonnes en 2023, source IFIP).
Les douceurs
- Cannelé de Bordeaux : 35 millions d’unités vendues en 2023, +9 % vs 2022.
- Dunes blanches (choux garnis) : créées au Cap-Ferret en 2008, elles inondent désormais les coffee-shops bordelais.
Focus utilisateur : « Comment réussir un cannelé croustillant ? »
- Tempérer la pâte 24 h (lait, vanille, rhum).
- Utiliser des moules en cuivre graissés à la cire d’abeille.
- Cuisson choc : 250 °C pendant 12 minutes, puis 180 °C sur 45 minutes. Résultat : croûte caramélisée, cœur fondant.
Tendances émergentes et chefs à suivre
Le végétal gagne du terrain
D’un côté, 27 % des restaurateurs bordelais proposent aujourd’hui un menu 100 % végétarien (Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture, 2024). De l’autre, la culture carnée demeure forte. Cette tension pousse à la créativité : le chef Alexandre Baumard (Le Cent33) marie choux-fleurs fumés et os à moelle, illustrant une approche « flexitarienne ».
Les tables en vue
- Philippe Etchebest – Maison Nouvelle (Chartrons) : deux étoiles dès 2023, 14 couverts, réservation ouverte trois mois à l’avance.
- Taku Sekine Jr. – Omi (Saint-Michel) : street-food nikkei, ticket moyen 22 €, 65 % de produits girondins.
- Molly Spencer – Wild Kitchen (Bacalan) : pionnière du zéro déchet, composte sur place 80 kg par mois.
Street-food et marchés
Le Marché des Capucins reste l’agora gourmande : 93 étals, ouverture dès 5 h le matin. Les tacos bordelais, nés sur les quais en 2020, côtoient désormais les huîtres du banc d’Arguin. Le food-truck « Surf & Turf » sert 120 lobster rolls par jour l’été. Chiffre qui révèle l’américanisation partielle de l’offre, mais aussi la montée de la clientèle touristique venue du Canada (hausse de 11 % en 2023, Aéroport de Bordeaux-Mérignac).
Entre tradition et innovation : les enjeux pour demain
D’un côté, les défenseurs du patrimoine craignent la « délocalisation du goût ». De l’autre, les start-ups foodtech multiplient les laboratoires autour de la protéine de micro-algues (Testé à la Ferme d’Ardagor, Blanquefort). Le débat interroge l’identité même de la cuisine bordelaise.
Durabilité et circuits courts
La Métropole vise 50 % de produits bio ou labellisés dans la restauration scolaire en 2025. Cette politique agit comme un levier : plusieurs chefs, dont Hélène Le Tallec (Brasserie des Lumières), contractualisent directement avec les maraîchers de l’Entre-deux-Mers. Les sarments de vigne issus de la taille hivernale sont recyclés en combustible pour grills, limitant 12 tonnes de CO₂ par an (ADEME 2023).
Œnotourisme gastronomique
La Cité du Vin a attiré 425 000 visiteurs en 2023. 31 % ont également réservé une table étoilée dans le même séjour (Enquête Atout France). Le binôme vin-mets se consolide : ateliers d’assemblage, dîners immersifs dans les chais, visites combinées avec le Musée des Beaux-Arts (maillage culturel).
Les paris de l’intelligence artificielle
Des applications locales, comme FoodPair Bordeaux, recommandent un accord mets-maisons d’hôtes en temps réel. Les données proviennent du label « Bordeaux Fête le Vin ». Les restaurateurs testent des menus dynamiques, ajustés à la météo et au flux touristique. Une innovation qui pourrait augmenter le taux de rotation des tables de 6 % d’ici 2025, selon le cabinet NPD.
Cette photographie gourmande révèle une scène en ébullition, entre racines charnelles et poussée végétale, entre cannelé immuable et tacos mutin. Chaque trimestre, je sillonne les ruelles du Vieux Bordeaux, carnet en main, pour sentir ce frémissement. La prochaine fois, pourquoi ne pas me dire quels comptoirs vous intriguent ? Ensemble, nous pourrions explorer les secrets des caves, des marchés bio ou des nouvelles adresses brunch du dimanche. Votre appétit de découvertes nourrira ma plume.


